Billets qui ont 'Chacun son paradis' comme oeuvre.

Racines

Invité récemment dans un talk-show de la télévision tchèque, j'ai cité le poète polonais Norwid —"la Pologne, ce n'est que de la mémoire et des tombes"—, ce qui a provoqué un éclat de rire chez le public praguois du Théâtre Semafor, où l'émission était enregistrée, comme s'il s'agissait d'une bonne blague. On croyait sans doute que j'avais préparé cette plaisanterie pour la fin. Or il s'agit d'une vraie citation, et qui en dit long sur les Polonais.
[…] Durant les siècles de l'histoire polonaise, nous avons passé le plus clair de notre temps à lutter pour notre liberté, à défendre notre patrie en mourant par milliers. Par conséquent, les Polonais sont bien meilleurs pour célébrer les enterrements et les défaites que pour fêter les succès.

Mariusz Szscygieł, Chacun son paradis, p.208 (Actes Sud, 2012)


L'étrange quand je lis cela, c'est que j'ai l'impression que cela fait davantage référence à la famille de ma mère qu'à celle de mon père. A croire que c'est peut-être une chose qui les a rapproché, souterrainement.

Une exposition et une librairie

Vu les Macchiaioli, très agréables (sans compter le plaisir de revoir les tableaux de l'Orangerie). J'aime particulièrement les petits tableaux très allongés peints sur bois. J'essaie d'imaginer le monde en croisant les photos noir et blanc et les tableaux colorés du XIXe siècle, (un jeu commencé depuis une visite à Auvers/Oise et le film diffusé à côté de la chambre de Van Gogh), mais c'est difficile: pas de doute sur les fleurs, le soleil, le ciel, les arbres, mais les tissus, étaitent-ils si blanc, si bleu, si rouge?

Puis nous allons à la la librairie polonaise, je veux trouver des Szscygieł il n'y en a nulle part, nous remontons la rue Bonaparte, photos de Marie Curie et Einstein à 1800 euros dans une galerie ça me tente, nous trainons à la Hune qui a presque pris la place du Divan (il y a longtemps) (pas de Szscygieł), il ne pleut pas.

Nous arrivons à la librairie polonaise dix minutes avant la fermeture. Nous ne connaissons aucun nom présent sur les étagères, ou presque. C'est impressionnant, un peu vexant. Exaltation d'un monde à découvrir, c'est l'appel du large version librairie. (Comprendrons ceux qui savent). Les deux Szscygieł parus aux éditions Actes Sud sont en pile: «Il était là le premier juin, il est resté toute la journée.» Pincement de regret? Non, pas vraiment, en fait je ne tiens pas à croiser les auteurs, je n'ai rien à leur dire.
Nous achetons quatre Szscygieł, trois Gottland et un Chacun son paradis.
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